Extrait de  juin  2002
DES GENS D’ICI !
Edmond et Renée Oter
Rue de la Vallée  25, Thisnes
Si je vous parle de Pipette, beaucoup d’entre vous sauront qu’il s’agit d’Edmond Oter. Ce «nom mis» lui vient de son arrière grand-père paternel. Selon les anciens, il portait éternellement à la bouche, une petite pipe en terre (d’où, on l’appelait :vîe pipette », vieux fumeur de pipe). Vous m’aurez sans doute déjà suspectée d’interviewer de «vieux Thisnois ». Vous en déduirez avec votre logique coutumière: il y aura encore à se « farcir» un bon bout de « petite histoire» de chez nous. Bien vu lesgars!
Edmond habite au même endroit depuis l’âge de huit ans. Bien que ce soit une maison familiale, venant du côté de sa maman, une « Dubois », il n’y est pas né. On retrouve dans la vallée, selon Edmond, 6 à 7 terrains équivalents, bâtis, qui seraient la division de l’héritage des frères et soeurs Dubois. Si notre homme n’est pas né dans cette demeure, c’est car, comme quasi tout le monde en ce temps-là, il vit le jour chez ses grands-parents. (On n’allait pas en ménage, on n’attendait qu’un logement se libère.)
Renée I-louga.rdy, son épouse suivra plus ou moins le même parcours. Ses ancêtres du côté maternel vivaient où habite actuellement André Lefèvre (dit Nono), rue de la Victoire, près du Glindisse : petit coup d’oeil à cette bâtisse typiquement d’époque à laquelle rien n’a changé, aussi loin que les « Oter » se souviennent. La demeure achetée par la suite par les parents de Renée avait été occupée juste avant par... Edmond, petit garçon, son papa et sa maman. Il est de ses coïncidences! !!
Les enfants qu’ils étaient firent leurs gardiennes à l’école mixte (près de chez Bruno Heureux), elle, ses primaires chez les filles (école actuelle) ; lui, chez les garçons (le gros bâtiment au coin de la route d’Avemas. Ils feront leur communion avec le curé Van Mechelen, célèbre pour sa sévérité. Renée dira: « En première, on allait trois fois au catéchisme par semaine ; en deuxième, sept ibis, après la messe de sept heures. En 40, pour Thisnes, nous avions un abbé et un curé. » Edmond fera « ses moyennes », deux ans d’école d’agriculture, pour rejoindre enfin la ferme familiale. Nos amis, enfants de paysans, empruntaient trois fois par jour, à l’appel de l’Angélus, les mêmes chemins de terre menant aux champs. Dès leur mariage, Renée vint s’installer chez ses beaux-parents.
En 50 ans de culture, l’évolution fut fulgurante. En effet, « dans leur jeunesse », tout se faisait à la main. On ne pulvérisait pas, on ne possédait pas de machines (pas de dettes non plus). Renée dira: « Avec 5 ou 6 Ha de terre, mes parents ont élevé une famille et fait une maison. > . Edmond, quant à lui, était un homme du futur: il fut le deux ou troisième du village à posséder un tracteur pour remplacer les attelages de chevaux ou de boeufs, le premier à moissonner à la machine tractée. Puis, ils s’associèrent à 2 ou 3 pour acheter des moissonneuses-batteuses et s~en servir chacun à leur tour. Enfm, arriva le battage industriel. Les betteraves aussi se décolletaient, s’arrachaient et se chargeaient à la main. Si le premier tracteur conduit par Edmond fut sans cabine, le dernier était équipé de l’air conditionné et d’une radio.
Les « Oter » ont un fils, notre premier échevm ; Pol est si célèbre que je n’ajouterai rien, vous le connaissez tous!
Nos cultivateurs ont eu le temps de quelques loisirs. Renée fréquente la chorale dès l’âge de 14 ans. Elle et Maria Royer y chantent depuis près de 50 ans. Edmond, lui, jouait au théâtre wallon. Quand on le voyait entrer en scène, la salle entière éclatait de rire sans qu’il eut prononcé un mot c est l’image que j’ai de Pîpette. Il poursuivit cette activité pendant 35 ans. Et, le dimanche, Renée et Edmond supportaient leur fils au football, à Thisnes.
Si vous ne connaissez pas Pipette, mais bien L’Homme (des tracteurs) ; regardez, derrière l’un, il y a certainement l’autre.
M. Heusicom.