Extrait d'un article par Bruno Heureux paru dans Rencontre de septembre 2005

Depuis une quarantaine d'années et, notamment, depuis la fusion des communes, il faut bien constater que la vie associative et communautaire traditionelle des villages tend, parfois fortement, à diminuer.

Effilochement progressif
Administrativement d'abord : rationalisation oblige, il faut se rendre « a la ville» pour remplir ou retirer le moindre papier officiel ; fini le temps ou les bourgmestre, échevins, secrétaire, receveur, garde-champêtre, cantonnier... communaux étaient des voisins, des amis, parfois, qui n'hésitaient pas a regIer certains problèmes chez vous, devant une d'jate de cafe, un peke ou une bonne pinte...
Religieusement parlant également : la pénurie de prêtres a rendu maintes paroisses orphelines d'un cure résidant dans le village; même les vicaires itinerants se font rares ; les presbytères ont été loues, les églises sont, la plupart du temps, fermées en dehors des offices; le catéchisme est réduit a sa portion congrue3; la messe unique du dimanche (et encore, pas tous les dimanches), les célébrations sans prêtre, animées par des laïcs, la seule messe un soir en semaine, les baptêmes groupes, ont remplace les deux messes dominicales, le saIut, la messe quotidienne, les baptêmes du dimanche après-midi, la formation suivie des futurs communiants...
La succursale locale d'une banque, les quelques permanences d'une mutuelle, le bureau du comptable, la plupart des petits commerces dont, notamment, le café du coin, ont très souvent ferme leurs portes, ne résistant pas aux lois de la rentabilité, de la concentration et a la multiplication des grandes surfaces dans des zones commerciales de plus en plus nombreuses, attrayantes, proches I et aisément accessibles en voiture.
Même La Poste se  «modernise» !   Avec «Géoroute », adieu le temps ou le facteur, sur son vélo lourd et poussif, pouvait se permettre de discuter le coup avec un villageois, de prendre le temps de passer acheter un médicament pour un «client» agé I ou de lui repiquer six bégonias, en échange d'une boisson chaude, I l'hiver, d'un verre rafraîchissant,  en période de forte chaleur, et d'étrennes généreuses au Nouvel An.
Si a cela, on ajoute la télévision a omniprésente, le travail «obligatoire» des deux membres du couple pour faire face aux a échéances liées a ses emprunts, la création de quartiers résidentiels qui ressemblent surtout a des  cites-dortoirs, les vacances à l'étranger, hiver comme été, un certain egoisme accentue par la recherche d'un confort chèrement acquis... on comprend pourquoi la vie sociale, les contacts entre les personnes, les soirées passées avec les voisins, sur le pas de la porte ou autour d'un banc rustique, la convivialité, ont tendance a disparaître si ce n'est pas déjà le cas.
    Vision pessimiste, passéiste? Que non, mais réaliste.

La vie des villages
     Qui anime encore nos villages?   Les natifs de l'endroit? lIs le reconnaissent eux-mêmes, ils sont l'exception, laissant le plus souvent a des «étrangers », comme ils disent, le soin de perpétuer certaines traditions, de promouvoir le patrimoine, de protéger l'environnement.
Puisque le clergé manque, quelques rares laïcs dévoués tentent d'assurer, tant bien que mal, un maximum de services... en attendant que, tôt ou tard, par manque de bras, l'essentiel de l'animation des anciennes paroisses se centralise autour du clocher décanal et de son pasteur isole.
Le repas de quartier, ici, l'animation de Noël, la-bas, la fête annuelle du village organisée par un comite local, le souper d'un club, le repas annuel d'une association, quelques manifestations sportives, un journal mensuel de la paroisse et du village... témoignent de la volonté de quelques uns de sauver, de dépoussiérer, de relancer ce qui peut l'être pour redonner au village une vie sociale active, OU la solidarité, l' échange et l'amitié retrouvent une place importante.
Comment faire mieux encore, sinon en encourageant toutes les initiatives, en favorisant toutes les occasions, en mettant en valeur tous les endroits ou les personnes se rencontrent4 et partagent tout simplement, quelques heures durant, leurs préoccupations, soucis et joies.